Je suis une médecin de famille qui travaille en GMF au Québec à suivre toutes sortes de clientèles depuis 15 ans. Durant ces années, je me suis très souvent sentie impuissante, malgré mes connaissances et les outils que j’avais, à aider les gens avec un problème de poids ou d’obsession avec la nourriture. J’ai aussi dû accompagner mes patients dans la détérioration de leur santé à cause de ces problèmes: diabète, hypertension, maladies cardiaques et plein d’autres conséquences. J’ai surtout été témoin de beaucoup de détresse, de honte et de problèmes de santé mentale liés à cela. Et malheureusement, mes formations pour la prévention de ces problèmes, mes outils pour motiver les gens à se prendre en main n’avaient que très peu d’impact.
Moi-même aux prises avec une obésité de plus en plus sévère, je cherchais incessamment des solutions pour m’aider. La bataille avec mon corps et la nourriture occupait tellement d’espace dans ma tête et dans ma vie, c’était épuisant et j’y perdais énormément de qualité de vie. Tout ce que je tentais marchait pour un temps mais malgré les dizaines de formations médicales et autres en nutrition, psychologie, troubles alimentaires, diète cétogène, jeune intermittent, je n’arrivais tout simplement pas à maintenir les changements. Je vivais un sentiment d’impuissance atroce qui affectait tout dans ma vie. Jusqu’au jour où j’ai lu un livre, Food junkies, de Dre Vera Tarman, qui décrivait la relation addictive avec la nourriture que certaines personnes vivent. Et c’est là que ma vie a commencé à changer.
Malheureusement, ce n’était pas assez de savoir que j’étais dépendante au sucre, aliments transformés et nourriture en général, j’avais besoin d’aide pour m’en sortir. Après une longue recherche, j’ai enfin trouvé un programme de rétablissement de groupe américain qui soutenait les gens à traiter leur problème efficacement. Je me suis enfin sentie comprise, me suis reconnue dans les histoires et expériences des autres et j’ai alors pu vraiment saisir que je souffrais d’une maladie du cerveau, pas d’un manque de volonté. Je n’étais pas coupable et je n’étais plus seule. J’ai alors fait l’expérience de la vraie liberté pour la première fois de ma vie, sans cravings constants, obsession et honte. J’ai pu apprendre à m’accepter, faire la paix avec mon corps et développer une neutralité saine par rapport à mon poids.
Quelques années plus tard, plus de 100 livres de perdues et maintenues depuis plus de 2 ans, je me lance dans une mission: soutenir les gens qui souffrent d’une dépendance au sucre ou à la nourriture.
Alors , c’est quoi ça, la ‘’dépendance alimentaire’’? C’est quand le cerveau est pris en otage et perd sa capacité de choix suite à l’exposition répétée à une substance psychoactive, le sucre, qui agit comme une drogue puissante chez quelqu’un qui y est vulnérable. S’opère alors une reconfiguration du cerveau (visible par imagerie, nous y reviendrons), en particulier du centre de récompense, responsable de nous motiver à faire ce qui nous garde en vie comme personne et comme espèce : manger, se reproduire, se regrouper.
Concrètement, la dépendance c’est quand vous perdez le contrôle sur ce que vous mangez, la quantité, la fréquence et que la modération n’est simplement pas une option. Quand la honte, l’isolement, les mensonges prennent le dessus après avoir consommé vos aliments-drogue. Quand vous essayez une 35e diète, avec du succès au début, êtes convaincu que vous avez enfin trouvé LA solution, et que, lors d’une période de stress, d’émotions difficiles, de vacances, de manque de sommeil, la compulsion reprend les commandes et vous reprenez tout le poids perdu et un peu plus… ainsi qu’un peu de votre dignité et estime de vous. C’est quand vous constatez que, malgré 3 thérapies, vous continuez à être esclave du cycle d’excès/privation, pris dans le tout ou rien, peut-être même en vous surentraînement, jeûnant, vous faisant vomir pour contrôler le poids qui vous obsède suite aux orgies de bouffe (crises d’hyperphagie, ‘’binges’’). Quand votre médecin vous déclare diabétique, que vous avez vu vos parents y perdre leur qualité de vie puis en mourir et n’arrivez pas plus à maintenir de bonnes habitudes de vie. La dépendance, c’est quand vous êtes l’expert de l’alimentation, savez parfaitement quoi faire et pourtant, malgré tous vos succès dans d’autres domaines, vous vous sentez complètement en perte de contrôle et en échec dans cette sphère de votre vie qui pourtant affecte toutes les autres.
C’est là que vous dites : ‘’Au secours, la bouffe me contrôle!’’
Et vous avez totalement raison. La dépendance à la nourriture, ce comportement compulsif incontrôlable, est une maladie du cerveau. Ce n’est pas de votre faute. Je répète : CE N’EST PAS DE VOTRE FAUTE!! La volonté n’a absolument rien à faire dans l’histoire. Vous avez littéralement perdu la capacité de choisir. Et pourtant, on nous dit depuis des décennies : ‘’fais un effort, tu manques juste de volonté’’, ‘’coupes tes portions, fais plus d’exercice’’! C’est à mon avis le domaine où la médecine est la moins aidante. Pas pour rien que tant de gens parlent de grossophobie médicale! Les médecins sont excellents pour nous parler en long et en large de l’importance de perdre du poids mais ont si peu à offrir pour nous aider concrètement.
La dépendance est une maladie primaire, chronique et progressive. Primaire parce que rien ne l’a causée (ni un trauma, ni les émotions difficiles, ni comment vous avez été élevé…), chronique parce qu’on ne peut pas en guérir (mais comme plusieurs maladies chroniques on peut maintenir une rémission avec le bon traitement), et progressive parce que si on ne la stoppe pas, elle s’aggravera inévitablement. C’est une maladie mortelle qui affecte près de 30% de la population et qui explique pourquoi, malgré le fait que nous soyons mieux informés que jamais sur l’alimentation et les saines habitudes de vie, le taux d’obésité est en augmentation exponentielle, ayant plus que doublé depuis 30 ans au Québec. En 2021, 63% des adultes canadiens étaient en surpoids. Et c’est aussi ce qui explique en grande partie les maladies métaboliques qui tuent tant de gens (diabète et toutes ces horribles conséquences, hypertension, maladies coronariennes) mais beaucoup de littérature scientifique solide démontre aussi que ça engendre des cancers, maladies auto-immunes, maladies mentales…
Alors voilà ce qui m’amène à vous proposer de me suivre dans les prochaines semaines, mois, années. Je suis en pleine création d’un programme pour traiter les gens qui, comme moi et peut-être vous, sont esclaves de la nourriture et ont perdu tant de leur qualité de vie, de relations ainsi que de leur santé physique et mentale dans cette bataille.
La bonne nouvelle c’est qu’il y a un traitement à cette maladie chronique. Vous n’êtes pas coupable d’avoir cette maladie du cerveau mais vous êtes le.la seul.e à pouvoir décider de prendre en charge votre rétablissement. Il est impossible d’y arriver seul. Et pour cela, il est primordial de s’entourer de gens qui vivent la même chose, qui comprennent la compulsion, qui veulent s’investir pour retrouver la liberté et la protéger à tout prix.
Liberté Alimentaire proposera sous peu plusieurs outils pour vous soutenir dans votre rétablissement de cette maladie chronique. En tant que médecin, je suis déterminée à faire connaître cette science qui change notre approche aux problèmes de poids et de compulsion alimentaire, prévenant et renversant du même coup les maladies métaboliques et tant d’autres problèmes de santé. La science est solide pour appuyer ce mode de traitement sur la base duquel des programmes sont lancés un peu partout dans le monde depuis les quelques dix dernières années. Je souhaite de tout cœur que toute personne ayant une relation addictive avec la nourriture puisse se sentir comprise, soutenue et reprenne espoir.
N’oubliez pas que la compréhension n’est pas la transformation, seules l’action et la connexion amènent des changements durables. Vous n’êtes pas seul, le combat peut prendre fin maintenant!
N’hésitez pas à m’envoyer un courriel à dreleducarbour@mikaelc31.sg-host.com. J’ai envie d’entendre vos réactions, questionnements, commentaires pour rendre mon traitement le plus pertinent et accessible possible!
Pour les curieux et les professionnels de la santé, une section de références scientifiques et lectures supplémentaires sera bientôt disponible sur le site.